Walezyo : Sur les traces de son destin

Replaçons les Éliotropes dans leur contexte :

« Lorsqu’à l’ère du Wakfu, Yugo utilise les Six Dofus primordiaux éliatropes pour affronter le titan Ogrest, il ne s’attend certainement pas à voir ainsi émerger tout un peuple… Et pourtant…
Gorgé de Wakfu, celui que l’on nommera le Roi-Dieu fait apparaître des silhouettes lumineuses aux couleurs de cette énergie créatrice, lesquelles se dispersent alors…
Et ainsi naquirent les Eliotropes, des êtres paradoxaux, perturbant le cours de l’espace-temps, et apparaissant simultanément à deux époques bien distinctes.
Malheureusement, leur nature paradoxale les empreint d’une terrible malédiction : lorsqu’un eliotrope perd la vie, toute trace de son existence se retrouve irrémédiablement effacée… »

- Walezyo ! Putain ! Walezyo !!
Je ne peux me retenir de rire. Y a rien de plus hilarant que de voir le professeur Rotnem vous courser dans les rues d’Astrub.
- Arrête tes conneries Walezyo ! Continuait-il de beugler alors que notre course-poursuite se dirigeait progressivement sur les toits de la cité.

En temps normal il m’aurait chopé en deux secondes, les Fécas sont plutôt pénibles à se téléporter et se coller à vous. Heureusement que je sais faire ces trucs bizarres que personne d’autre sait faire, je parle bien sûr de mes portails. Je sais pas si je suis un génie intérieur, un genre d’élu ou une erreur de la nature, nan… Je me suis déjà trop posé la question pour reperdre du temps avec ces futilités. Quoi qu’il en soit ces jolis portails bleutés me sont d’une précieuse utilité pour me faire la belle au nez de mon poursuivant.

Et merde… j’étais trop occupé à rire à la barbe du prof que je n’ai pas remarqué son assistant, m’ayant pris de vitesse sur le flanc droit.
Alala ces Écaflips. Ils bondissent de partout… Du coup facile pour lui de me clouer sèchement au sol et de me sonner légèrement au passage d’ailleurs…

***

Ah ça y est. Je commence à émerger… même si je vois encore tout flou.
Le prof est assis en tailleur devant moi.
- Écoute, tu n’es plus un gamin Walezyo. Je sais que tu as du mal à trouver ta place mais tu connais l’importance de cette cérémonie.
- Je sais professeur… Rétorquais-je sur un ton timide. Mais je trouve ça débile… Tout ça pour rendre hommage aux Dieux qui nous vouent aussi peu d’importance… Et puis à qui aurais-je juré allégeance… Aucun ne me correspond…
Cette cérémonie en question était un rituel de fin d’études pour tous ceux qui avaient réussi leur dernier cycle. Chaque initié se voit remettre un diplôme et voue son âme à une des douze divinités de ce monde. Et quand mon tour fut arrivé… ben… j’ai paniqué et je me suis tiré en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Iop ».

- Je sais, repris mon Mentor. Si aucune de nos divinités ne te donne satisfaction, rejoins les Huppermages. J’ai entendu dire que ton ami Al’Testan avait été admis sur l’Ile de Rok. Tu pourrais le rejoindre.
Al’Testan était le descendant d’une longue lignée de puissants Huppermages mais avec qui je m’était bien entendu dès nos premiers moments à l’école d’Astrub. Son tempérament calme et mesuré m’avait tout de suite plu en lui et nous avons lié de solides liens tout au long de notre parcours commun.
- Je ne sais pas… Répondis-je avec une énorme incertitude, le regard perdu. Je n’ai pas l’impression que ce soit ma place non plus…

Le professeur fit volteface et se retrouva face à moi. Son expression changea subitement, laissant apparaitre un petit sourire qui semblait me mettre au défi.
- Et bien file ! Va voir le monde ! Explore chaque endroit du Monde des Douze ! Ria-t-il. Tu trouveras forcement ta place ou ton rôle au sein du Krosmoz !
Partir ? C’est vrai… J’y pensais de temps à autres, visiter les confins du monde. Mais je ne pensais pas pour sitôt.

La vie de mercenaire d’Astrub me semblait plutôt agréable bien que tumultueuse depuis que cet Ogrest avait mis notre monde sens dessus-dessous. Il m’arrivait de m’entrainer avec eux, l’ambiance y était amusante, chacun y vantait ses exploits et certains règlements de comptes amicaux s’y déroulaient parfois. C’était le seul endroit à Astrub où je me sentais un peu chez moi. Mais le professeur avait raison… Je devais trouver ma place en ce monde, et je n’y parviendrai pas en restant les bras croisés dans cette ville.

***

Le silence était paisible, la lune éclairait les parois des maisons ainsi que les dalles des rues ne donnant pas recours à une lanterne pour y voir suffisamment. Parfait, je pouvais filer en toute discrétion.
J’avais réuni suffisamment d’affaires avec moi : mon bibliotemple, mon permis Dragodinde et un peu de BenKO pour les moments difficiles. Il ne me restait plus qu’a mettre les voiles en prenant le premier bateau disponible.

- Et bien et bien, roder la nuit ne te ressemble pas grand frère. Tu t’es attiré des ennuis ?
White-Wolves ! Ou plutôt 2W comme on avait l’habitude de l’appeler.
- Haha ! J’oubliais que je flair d’un Ouginak pouvais déceler la moindre présence d’individu des kilomètres à la ronde, lui dis-je avant de le dévisager.
- Seulement les plus affutés ! Me répondit-il avant de se tenir face à moi, soutenant mon regard.
Nous restâmes là, à quelques mètres l’un de l’autre à nous fixer.
Je n’avais bien évidement aucun lien de parenté avec lui mais je l’avais rapidement pris sous mon aile lorsqu’il intégra l’école d’Astrub. Nous passions beaucoup de temps ensemble, comme des frères, ce qui finit par nous définir tel quels.

- Je pars 2W, lui dis-je subitement, brisant le silence qui s’était instauré entre nous deux.
Il écarquilla brièvement les yeux puis retrouva son expression habituelle, mais ses oreilles rabattues vers l’arrière trahissaient sa tristesse.
- Tu vas me laisser là ? Tout seul ? Répliqua alors le pauvre Ouginak.
- Je pars, je ne te dis pas adieu petit frère. Et puis il ne te reste plus beaucoup de leçons avant de quitter l’école. Nous nous recroiserons surement, lui dis-je afin de le réconforter.
- Et tes amis ? Al’Testan ? Kluz et Stazisk ? et Reaperktor ton Steamer reprogrammé ? Tu vas les laisser là aussi sans leur dire un mot ?
- Et bien je te charge de leur transmettre mon au revoir petit frère. Eux aussi je les recroiserai surement.
Il ne dit rien. Au fur et à mesure que le temps passa, il contrôla de moins en moins sa peine, laissant s’échapper quelques larmes.

Et merde, je détourna tant bien que mal le regard. Je déteste les au revoir. C’est pas pour rien que j’ai décidé de me faire la belle une fois la nuit tombée. Bordel…
- Et tu pars où ? Reprit-il en séchant ses larmes d’un rapide coup de bras. Les bateaux de nuits ne sont dirigés que vers les quatre grandes nations.
- Je ne sais pas, lui répondis-je. Je verrai bien ! Porte-toi bien d’ici là petit frère !
Je disparus dans l’un de mes portails tout en me dirigeant vers le port. Il fallait que je coupe court à cette discussion car je ne pouvais me permettre de revenir sur ma décision. Il fallait que je quitte Astrub.

***

J’arriva finalement devant le bateau, ce dernier étant prêt à larguer les amarres d’une minute à l’autre.
- Il va falloir qu’on passe par le hublot le plus près de la proue si on ne veut pas se faire repérer, me chuchota une voix à quelques centimètres de mon oreille.
- Putain mais c’est qui ?! Répondis-je dans un hurlement étouffé tout en me retournant rapidement.
La silhouette accroupie se releva et je reconnus immédiatement l’uniforme du chevalier d’Astrub.
- Putain t’es con Arrito. Tu m’as vraiment fait flipper sur ce coup-là, lui balançais-je en essayant de reprendre mon souffle.
Pourtant il n’en avait strictement rien à battre de m’avoir fait frôler la crise cardiaque et continua d’étudier la structure du bateau.

- Tu va passer en premier, me dit-il sur le même ton que sa précédente phrase. Je serais juste derrière.
- Tu fais quoi là ? L’interromps-je. Je ne t’ai pas demandé de venir avec moi ! Et comment t’as su que j’étais là ?
Il esquissa un regard malicieux à travers son heaume.
- C’est Pépé Pale qui m’envoie. Tu ne pensais quand même pas réussir l’exploit de faire quelque chose dont il ne serait pas au courant ?
Arf, pas faux. Si y a bien quelqu’un qui sait tout ce qui se passe dans Astrub, c’est bien notre bon vieux Pépé Pale.
- Je te remercie Arrito, mais j’ai pas besoin de ton aide, repris-je. Retourne faire la majorette avec ta lance !
- Grouille-toi Walezyo, le bateau est en train de quitter le port !
C’est dingue à quel point il s’en balance complètement de ce que je peux lui raconter…
- Ok ! C’est maintenant ou jamais ! Affirmais-je.

Je commença par créer un portail, puis plaça l’autre rapidement au voisinage du hublot identifié afin de me glisser à l’intérieur du navire sans éveiller le moindre soupçon de ma présence.
J’étais à bord.
Le chevalier d’Astrub me rejoignit immédiatement puis nous nous cachâmes entre deux caisses de marchandises.

***

Le petit matin arriva. Le soleil encore absent de la surface laissait cependant une teinture orange aux nuages. La mer était calme et une douce brise venait caresser les voiles du navire.
La lumière venait identifier plus clairement les marchandises, et les caisses de farine, de blé et de pain nous mirent la puce à l’oreille quant à la destination de notre périple.

- Terre d’Amakna en vue !! Cria un membre de l’équipage.
Le chevalier d’Astrub réajustant son armure se tourna vers moi.
- Prêt pour l’aventure gaillard ?
- Et comment ! Retorquais-je.
Je suis content qu’il soit là en fait… Ça me rassure qu’il soit à mes côtés. Et ça va être plus amusant !

L’aventure pouvait commencer !